Présentation


Voici un nouvelle présentation, plus compacte et je l’espère plus pertinente, du site sur-la-peinture.com. N’hésitez pas à commenter…

les peintres des peintres

Aujourd’hui, en octobre 2019, ça fait longtemps, au moins huit ans, sans doute dix, que je travaille ce manuscrit. Mon champ d’investigation, qui s’élargissait et se complexifiait sans cesse, se stabilise et se dessine relativement clairement depuis un peu plus d’un an. À ce jour, le site, ou la publication, compte trente cinq articles et six interviews. Six nouveaux articles et une interview sont en préparation. Le titre réel, plus précis, mais qui ne pouvait être retenu comme nom de domaine, est «La peinture qui rit de se voir si belle dans son miroir» ou «L’idéal de la peinture» ou encore — et c’est d’ailleurs cette formule qui tient la corde — «Les peintres des peintres».

L’objet, l’unique objet, de cette longue rédaction est la peinture. J’ai l’ambition, sans doute extraordinaire, démesurée, invraisemblable, de répondre à cette question : la peinture c’est quoi au juste ? Pour être plus précis, en tout cas plus prolixe, c’est l’esprit de la peinture qui m’intéresse, pas le fait historique, l’exploit technique ou l’éventuel message, enfin tous les aspects extérieurs à la discipline que le spécialiste patenté commente sans trêve. Je veux évoquer ce mode d’expression dans sa substance, dans ses enjeux, sa plénitude et sa magnificence. Mes honorables concurrents présents sur Internet désirent ardemment, eux aussi, vous présenter le meilleur de la peinture. Cependant, je n’ai pas exactement les mêmes préoccupations. Je ne vous raconterais pas la vie des peintres célèbres. Je ne vous proposerais pas non plus de savantes analyses, qui relèvent pour une bonne part des sciences sociales et de la sémiologie visuelle, où, bien souvent, le discours s’affranchit et finalement se sépare de son véritable objet : la peinture.

Voici donc mon énoncé, les points de la problématique avec lesquels je vais me colleter, la matière même de mes ruminations : je veux traiter des propriétés formelles du tableau, de sa cohérence, de son parti, de l’accord de ses surfaces colorées, de son étendue, de sa respiration… Il paraît essentiel aussi d’évoquer la sincérité, l’engagement, l’acharnement du peintre.
De l’alliage des qualités plastiques et d’une singularité affirmée naissent les œuvres qui donnent toute la mesure du domaine pictural.
Pour étayer ce postulat, pour l’asseoir, j’ai une boussole à vous proposer. Cette stratégie, que je n’ai pas inventée, consiste à se référer aux premiers concernés, aux experts, aux peintres en fait, et, plus précisément, aux peintres des peintres, c’est-à-dire aux peintres qui représentent ou ont représenté pour leurs pairs à la fois un sujet d’admiration et un paradigme auquel se mesurer. On pense, par exemple, à Giotto pour Matisse, à Poussin pour Cézanne, à Cézanne pour Braque, Picasso et Morandi, à Matisse pour Rothko… Les peintres des peintres, qui, comme Monet, Picasso ou Braque attirent des foules considérables aujourd’hui. Tant qu’elle est à l’affiche, l’intérêt suscité par l’œuvre de ces derniers ne faiblira pas, car cet engouement ne dépend, ni de l’actualité, ni de pratiques connexes. Il n’est pas lié non plus à un courant, un genre ou un style particulier. Il est bien question ici d’un art autonome, souverain. L’amateur y trouvera la profondeur, le silence, la beauté, une réalité augmentée ou très exactement un « autre monde ». Un monde susceptible de modifier sa perception de la réalité et de magnifier son quotidien. Voilà, brièvement résumé, ce que j’entreprends maintenant de développer. Voilà le musée et l’atelier où j’aimerais accompagner le visiteur, les tableaux que j’aimerais lui montrer, les peintres que j’aimerais lui présenter.
Je m’adresse à tous ceux qui sont en empathie avec l’univers pictural. Qu’ils la regardent, l’achètent ou la pratiquent, ils aiment la peinture et ils sont nombreux. Cependant, la peinture c’est aussi la profusion et, à côté des œuvres essentielles, ineffables, on trouve des toiles fabriquées, sans consistance. Devant ce foisonnement et cette disparité le visiteur du musée est parfois un peu perplexe, presque démobilisé. Pour approcher la peinture dans sa vérité, on ne peut pas se satisfaire d’une esthétique éclectique ou, c’est un peu près la même chose, d’un « tout se vaut ». Pour échapper à cette triste configuration, la production des peintres des peintres, des peintres célébrés par leurs pairs, est une manne. Une manne où vous trouverez ces toiles qui, tôt ou tard, vous saisiront et que vous verrez mille fois sans jamais vous lasser. À ce niveau, sur ces sommets, vous constaterez qu’il existe, au-delà des siècles et des styles, une logique picturale ou, dans tous les cas, quelques constantes qui caractérisent ce mode d’expression.

l’idéal de la peinture

Un des principaux objectifs de ma petite étude est donc de vous présenter la peinture dans sa diversité mais aussi et surtout dans son unité. C’est d’autant plus important que ce mode d’expression, qui remue et déplace des foules considérables, est menacée depuis quelques décennies. En effet, les instances culturelles se désintéressent du peintre d’aujourd’hui, tout particulièrement s’il a mis ses pas dans ceux de Tintoret, du Greco, de Delacroix, de Van Gogh, de Soutine, de Bonnard, de Staël… C’est particulièrement flagrant en France, qui était et demeure pourtant une terre de prédilection pour cette discipline. La personnalité publique, le critique d’art contemporain, à ne pas confondre avec le critique d’art, le professeur d’art plastiques formé à la faculté… ne comptent plus la peinture comme un art contemporain et lui préfèrent d’autres modes artistiques. Je veux donc célébrer une peinture exigeante, une peinture qui engendre son propre fait, une peinture-peinture, un idéal séculaire qui perdure et que l’on aimerait voir perdurer.
Cette tâche difficile ne peut être le fruit d’un individu isolé. Je m’appuie sur les propos des peintres de légende et de quelques sorciers qui, comme Baudelaire, Élie Faure, Malraux, ou encore Maupassant, Stendal… ont compris la peinture sans jamais l’avoir pratiquée. Parmi les postulats que je défends, nombreux sont ceux qui avaient cours dans l’atelier de Rémy Aron ou encore dans l’Académie crée par Jean Bertholle. Je veux dire par là que je tente de porter et de développer une parole en réalité collective.

Et si on parlait vraiment de peinture ?

Sur le net, tant de gens sont en perpétuelle recherche de réponses, d’exemples et d’explications, que le lectorat potentiel semble considérable. Cependant, on le constate rapidement, les sites consacrés à la peinture sont innombrables. Comment émerger dans le flot de ces publications ? D’ailleurs en quoi ces pages apportent-elles un éclairage particulier sur le monde de la peinture ?
Pour commencer, ce site est au service de la peinture et non d’un peintre ou d’un style particulier. Ensuite, cette publication n’est pas liée par cette convention qui veut que tout objet exposé dans un musée mérite une génuflexion. Quand on veut vraiment parler de peinture la liberté de ton est de mise.
Enfin, c’est toujours ce pari fou d’aller chercher la peinture dans sa réalité, ses enjeux et ses fondamentaux. Cette approche n’est pas commune, c’est presque une exclusivité, car comme l’a écrit Pierre Francastel :
« Tout l’enseignement des arts est orienté vers le commentaire littéraire et symbolique. On ne montre pas la valeur propre de l’œuvre, comment la pensée plastique s’exprime directement par le maniement de valeurs comme les proportions, les couleurs, les rythmes, les intervalles »
Pierre Francastel, La réalité figurative, Denoël/Gonthier, 1978, p. 88
J’allais oublier un point crucial, essentiel : ceux qui font référence dans ces pages sont les peintres des peintres et non les peintres des historiens, des philosophes ou des enseignants. Même aux yeux du lecteur le plus indulgent, je commence sans doute à rabâcher, mais je suis convaincu qu’a lui seul ce point fait l’originalité de ma modeste publication.

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DJLD, présentation du site au 19 10 2019

4 réflexions au sujet de « Présentation »

  1. Patricia

    Très belle présentation qui invite le lecteur à suivre les prochains articles. Ils sont rares de nos jours, les commentaires aussi bien éclairés sur la peinture et rédigés sur un blog.
    C’est un bébé qui a tardé à venir mais qui est bien là à présent.
    Au prochain article sur les déjeûners sur l’herbe et autre…

  2. Conte

    J’en suis tombée des nues à lire ces articles. Enfin on parle de ce qu’est la peinture, c’est à dire de ce que font les peintres : distribuer de la lumière dans un espace plan. C’est à dire qu’il n’y a pas moins de lumière dans un monochrome que dans un tableau de Vermeer. Il y a un jeu ambigu entre les deux acceptions du terme lumière. La lumière en tant que phénomène physique et la lumière en tant que phénomène plastique. En tous les cas merci de ces articles.

  3. Marie Hélène

    Je n’ai jamais rien lu d’aussi intelligent, argumenté et documenté sur la peinture depuis le livre de Gombrich et j’aimerais bien que ces commentaires soient édités en livre…

  4. Sallantin marie

    Formidable ce site qu’un ami me fait découvrir ! Par son ambition «  la peinture c’est quoi au juste? »
    « Une île dont on ne fait pas le tour » répond Chardin
    « Ce que je fais est- il de la peinture ? « est une question qui , comme ici, on le sent fortement, tenaille le peintre jusqu’à la fin et dont la réponse est toujours chez les maîtres. Ce site se positionne juste !!! Picasso apportait ses tableaux au Louvre , en revenait découragé, contrairement aux artistes arrogants de l’AC qui prennent le Louvre en otage . Imposture pathétique dont on connaît la motivation….
    Après l’enseignement reçu de Bertholle fin 70, c’est vers ces maîtres que je me suis tournée après avoir fait une longue escapade errance chez les abstraits , un pas de côté qui n’a pas été pour autant inutile….
    La peinture reste une inquiétude car c’est un appel de l’Inconnu. La peinture nous dépasse, mais attention ! cela n’est possible que lorsqu’elle est aussi un enseignement …dont on ne fait pas le tour…
    Je crois que j’ai pris à bras le corps cette confrontation avec le passé « des peintres des peintres » ( Bon titre !!) dans « Vénus carnets d’atelier 1993-2003 » qui se cache à la librairie Flammarion de Beaubourg. C’était mon retour vers les maîtres , retour humble et amoureux.
    Ce site était nécessaire aujourd’hui et nous encourage.

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